La Route – Manu Larcenet

Note : ★★★★☆ (4.25/5)
Extrait : « Réfléchis à ce que tu mets dans ta tête, parce que ça y restera pour toujours. »

couv54862633Titre : La Route
Auteur : Manu Larcenet
Genre : Science-Fiction, Drame
Langue : Française
Pages : 160 pages
Note : 4.25/5

En bref : Des dessins de haute qualité en harmonie avec le récit. Une histoire sombre, violente qui ne peut nous laisser indifférent. La quasi-absence de textes exacerbe les événements ainsi que les émotions, positives et négatives. Une lecture qui manque de contexte mais qui fait un sans faute pour le reste.

Résumé :

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie.

Avis :

Je suis tombée par hasard sur cette BD dans les nouveautés proposées par la médiathèque de mon boulot. La couverture m’a interpelée et en allant sur Livraddict, j’y ai vu de bon retours. Il ne m’en fallait pas plus pour me plonger dans l’aventure. Cette BD est l’adaptation du roman du même nom de Cornac McCarthy. Je ne sais pas ce que donne la plume de McCarthy mais en tout cas le crayon de Larcenet est exceptionnel.

On est immédiatement embarqué dans un monde sombre, gris, couvert de cendres, où le soleil semble avoir disparu à jamais. Nous suivons deux êtres humains, un père et son fils, poussant leur caddie rempli de provisions et d’équipements et se dirigeant vers le sud des Etats-Unis, enfin ce qu’il en reste. Sur la route, ils ne croisent que villes dévastées, cadavres et parfois quelques survivants, qui ne leur veulent pas tous du bien. En effet, plus le temps passe, plus il est difficile de trouver de la nourriture ou de la compagnie…

J’ai été subjuguée par les dessins, par ce qu’ils nous faisaient ressentir. Une case vaut mille mots et cela, Manu Larcenet l’a très bien compris car il y a très peu de textes dans cette BD. Malgré tout, même si on sent la peur, le désespoir, la faim, le tourment, le danger et tout un tas d’autres sentiments juste en regardant les « images », il m’a manqué du contexte. Peut-être que l’auteur du roman n’a rien précisé non plus et dans ce cas, Manu Larcenet n’allait pas l’inventer, mais j’aurais aimé savoir comment l’apocalypse est arrivée. Pourquoi la cendre continue de tomber sur la tête de nos protagonistes ? Quelle est cette secte si dangereuse qui semble régner sur ce qu’il reste des Etats-Unis ? Pourquoi la femme du personnage principal a abandonné si vite ? Quant au père, pourquoi s’accroche t-il ? Qu’est-ce qu’il espère trouver dans le sud ?

J’ai eu plein de petites questions comme ça tout au long de ma lecture mais j’ai surtout du faire des suppositions la plupart du temps. Je voulais que l’univers soit davantage développé, détaillé. Le monde décrit fait froid dans le dos, il est dur et sans pitié. Nos protagonistes se meurent à petit feu et j’aurais aimé savoir comment tout cela est arrivé.
Hormis ça, j’ai aimé la relation père-fils. Il y a un très beau lien entre le père qui fait tous les sacrifices pour que son fils vive un jour de plus, et le fils qui a gardé encore un peu de son innocence malgré les circonstances, qui continue à voir le bon côté des choses, à vivre des petits moments de bonheur et qui est clairement la bouée de sauvetage de son père. C’était passionnant de les voir s’aventurer toujours plus vers le sud et surmonter les obstacles sur leur chemin. Quant à la fin, elle est énigmatique dans un sens car elle reste ouverte et ne répond pas vraiment à nos interrogations. L’avantage, c’est qu’on peut imaginer ce qu’on veut. L’inconvénient, c’est qu’on ne saura jamais si on a tort ou non…

Bref, « La Route » est l’épopée d’un père et de son fils dans un univers apocalyptique. Nous savons très peu de choses de ce monde et c’est peut-être le seul défaut que je pourrais reprocher à cette BD. Pour le reste, nous avons un coup de crayon de très haute qualité, dans un style graphique singulier mais en parfaite harmonie avec l’histoire. Un récit intense, rude qui nous emmène jusqu’au sud des Etats-Unis et qui nous montre ce qu’il y a de pire chez l’Homme : vol, torture, meurtre, cannibalisme, on ne nous épargne rien. La quasi-absence de textes accentue cette brutalité et cette cruauté. Même s’il y a des instants de pause, de confort et d’espoir, ce n’est pas une lecture facile. Je ne la conseille pas aux âmes sensibles, on n’en sort chamboulé.

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