Note : ★★★★★ (5/5) Coup de cœur
Extrait : « Non, Jem, moi je pense qu’il y a qu’une sorte de gens, les gens. […] C’était ce que je pensais moi aussi, finit-il par dire, quand j’avais ton âge. S’il y a qu’une seule sorte de gens, pourquoi n’arrivent-ils pas à s’entendre ? S’ils se ressemblent, pourquoi passent-ils leur temps à se mépriser les uns les autres ? »
Titre : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
Auteur : Harper Lee
Genre : Historique, Thriller
Langue : Française
Pages : 434
Note : 5/5 Coup de cœur
En bref : L’ambiance qui se dégage de ce récit m’a captivé tout du long. Jem et Scout grandissent, apprennent à vivre en société, affrontent la discrimination et autres vices de l’être humain mais grâce aux valeurs qu’Atticus leur a transmis et l’exemple qu’il donne chaque jour à ses enfants, rare sont les fois où ils s’éloignent du droit chemin. C’était beau à voir !
Résumé :
Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
Avis :
Atticus Finch est avocat dans le comté de Maycomb en Alabama. Avec Calpurnia, sa gouvernante, il élève ses deux enfants Jem et Scout. Dans ce roman, nous suivons la vie de cette petite famille à travers les yeux de Scout, la plus jeune des deux enfants. Elle nous raconte son enfance, sa relation avec son père, son frère et Calpurnia, les jeux auxquels elle joue, les rumeurs qui circulent sur les différentes familles de la ville et sa fascination pour les Radley, entre autres. Vient alors un procès, celui de Tom Robinson, un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Pourquoi ce procès dont tout le monde parle va bousculer le quotidien de Scout et Jem ? Tout simplement parce que son père Atticus est l’avocat commis d’office de Tom et que nous sommes au début du XXème siècle dans le Sud des Etats-Unis. Une époque et une région guère réputées pour son civisme envers les gens de couleur.
Ce roman est un cadeau de Noël d’une de mes amis et ce fût un très bon choix ! Etant un classique de la littérature américaine, je ne pensais pas que ma lecture serait aussi fluide et plaisante, surtout au vu du contexte historique.
Le résumé m’avait laissé penser que l’histoire allait tourner principalement autour du procès. Par conséquent, quand je suis arrivée au premier tiers du livre et qu’il n’était encore fait mention, nul part, d’une quelconque affaire de viol, je me suis sentie flouée. Pas que ma lecture soit déplaisante, bien au contraire, mais j’avais du mal à voir où l’auteur voulait en venir. Dans cette première partie, il n’était pas juste question de présenter les personnages et la vie du village, à travers Scout, Harper Lee fait une véritable fixation sur ses voisins, la famille Radley, dont l’un des membres a l’ordre de ne jamais sortir de chez lui. Forcément, avec une injonction pareille, les rumeurs les plus folles courent sur cet homme que les enfants n’ont jamais vu de leur vie, et l’envie de le faire sortir de sa tanière est plus forte que tout. Ce passage de la jeunesse de Scout était très drôle à lire. Il se dégage une innocence et une espièglerie qui fait plaisir à voir. Malgré tout, je ne voyais pas le rapport avec ce que le résumé m’avait annoncé.
Il faudra attendre le tiers du livre pour qu’on entende parler de Tom Robinson et plus encore pour que toutes les pièces du puzzle s’assemblent et que chaque souvenir de Scout prenne sens. C’est une des raisons pour laquelle je ne lis jamais les résumés d’habitude. On ne peut s’empêcher de s’imaginer une histoire qui ne viendra peut-être jamais et être déçue. Heureusement, ce ne fût pas mon cas. Je ne voyais certes pas où l’auteur voulait en venir mais j’aimais tellement suivre les péripéties de Scout que je ne m’en suis pas formalisée. Puis, quand vient la mention du procès et ce qui en découle, j’ai très vite compris l’utilité de passer du temps à poser l’univers de Scout, à développer ses relations filiales et amicales, et à présenter ses tracas du quotidien. Parce qu’à partir de là, beaucoup de choses vont changer.
Nous sommes dans un comté du sud des Etats-Unis à une époque où un Noir a toujours tort face à un Blanc. Alors quand Atticus décide de se battre pour donner un procès équitable à Tom Robinson, ça ne plaît pas à grand-monde. Les critiques et les insultes fusent, au point où l’ambiance se répercute sur les enfants, qui répètent ce qu’ils entendent. Il va falloir tout le sang froid et toute l’éducation d’Atticus pour que Scout et Jem ne craquent pas face à cette vague de ressentiment. J’ai vraiment adoré toute cette partie. J’ai aimé la franchise et l’honnêteté d’Atticus, toutes les valeurs qui inculpent à ses enfants. C’est un homme intègre, droit dans ses bottes et qui fait de son mieux pour être le même homme chez lui et dans la rue. C’est une petite phrase lancée comme ça dans le roman mais qui m’a fait forte impression.
D’ailleurs en parlant de phrases qui m’ont marqué, il y en a une ribambelle dans ce roman. Je le trouve extrêmement bien écrit/traduit. Le fait que nous soyons du point de vue de Scout et que le langage soit, de ce fait, plus enfantin n’enlève en rien la profondeur de certaines réflexions. Au contraire, je trouve même qu’ils ont plus d’impact parce qu’ils sont dits sans arrière-pensée. Ainsi, l’auteur se permet de critiquer la société qui discrimine la population noire, l’illégalité des chances, l’inaction des gens face à l’injustice ou la pauvreté et l’effet de groupe. Tout cela est raconté non sans une touche d’humour. Plus qu’une histoire sur la discrimination raciale, je dirais que ce roman est avant tout un livre sur l’enfance, l’éducation et la valeur d’une vie.
Bref, « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » est un roman particulièrement bon. Vous ne l’avez peut-être pas ressenti dans ma chronique mais j’ai été touchée par l’enfance de Scout. L’ambiance tendre et mélancolique qui se dégage de ce récit m’a captivé tout du long. J’ai adoré ses relations avec Jem et Atticus. Elles sont bourrées de tant de bonnes choses que je ne saurais les décrire exactement. Jem et Scout se chamaillent mais dès qu’il y a un problème, ils peuvent compter l’un sur l’autre. Ils appellent leur père par son prénom mais ce n’est pas pour autant qu’il y a de la distance entre eux. Ils grandissent, apprennent à vivre en société, affrontent la discrimination et autres vices de l’être humain mais grâce aux valeurs qu’Atticus leur a transmis et l’exemple qu’il donne chaque jour à ses enfants, rare sont les fois où ils s’éloignent du droit chemin. C’était beau et touchant à voir ! J’ai adoré le fond, j’ai adoré la forme et, à vrai dire, je n’avais pas conscience que j’avais un coup de cœur pour cette histoire avant de refermer le livre.