Tout s’effondre – Chinua Achebe

Note : ★★★★☆ (3.75/5)
Extrait : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur » – « Il y a quelque chose de menaçant derrière le silence. »

couv62521302Titre : Tout s’effondre
Auteur : Chinua Achebe
Genre : Classique, Témoignage
Langue : Française
Pages : 221
Note : 3.75/5

En bref : A travers Okonkwo, j’ai découvert une culture et une façon bien différente de vivre que nous mais tout autant légitime. J’ai néanmoins été plus attirée par la fin du livre et le choc des croyances qu’entraîne l’arrivée des Occidentaux. J’aurais apprécié que cette partie soit plus longue et qu’on voit davantage les changements que la colonisation a amené.

Résumé :

À travers le destin d’Okonkwo, un notable de son clan, Chinua Achebe évoque le choc culturel qu’a représentée pour les autochtones Ibos, à la fin du XIXe siècle, la colonisation du Nigéria par les Britanniques. Presque coupés de l’extérieur, les habitants de la forêt équatoriale pouvaient imaginer un monde à leur image, fait de multiples dieux, de culte des ancêtres, de rites et de tabous. L’irruption des Européens et de leur religion, le christianisme, bouleverse toutes les croyances traditionnelles, d’où le titre du roman. En même temps, Chinua Achebe n’idéalise pas le passé. C’est parce que son meilleur ami a été victime d’un sacrifice humain que le fils d’Okonkwo rompt avec les pratiques de son village, ouvrant ainsi une brèche dans l’unité du clan.

Avis :

Okonkwo a eu un père fainéant toute sa vie. Il ne cultivait pas sa terre et s’endettait constamment auprès de ses voisins. Okonkwo s’est juré de ne jamais lui ressembler et d’être un homme, un vrai. Dès son plus jeune âge, il s’est mis au travail. Il est désormais un des habitants les plus importants du village, possède des terres fertiles et une grande famille. Mais un jour le destin frappe à sa porte sous la forme d’un enfant d’un village voisin dont il s’occupera quelques années. C’est à partir de là que la vie d’Okonkwo bascule.

Dans le cadre du challenge Les irréguliers de Baker Street, je devais lire un livre qui se déroule en Afrique. Ne connaissant rien de ce continent ni des romans qui pourraient être intéressants, j’ai fait une recherche sur internet pour voir les recommandations d’autres lecteurs. Tout d’effondre est ressorti plusieurs fois de cette recherche et le résumé me tentant bien, je me suis lancée.

J’ai passé un bon moment même s’il n’était pas toujours évident de s’y retrouver entre la multitude de personnages qui entoure Okonkwo. Heureusement, l’auteur répète régulièrement le statut de chacun afin qu’on ne perde pas le fil. C’est rare que je le dise mais j’étais bien contente de tous ses redits parce qu’entre les trois femmes du héros, leurs enfants respectifs et les voisins, j’étais à deux doigts de me faire un arbre généalogique pour m’y retrouver !

Une partie du roman nous conte la vie d’Okonkwo et son quotidien, comment il s’est enrichi, les dieux qu’il chérit, comment il souhaite élever ses enfants et les raisons qui l’amènent à recueillir Ikemefuna dans son foyer. La deuxième partie du livre nous présente les changements que ce jeune apporte dans la maisonnée mais aussi ce que sa perte entraîne. A partir de là, la vie d’Okonkwo devient plus funeste et le livre se termine avec l’arrivée des Blancs dans la région.
J’ai aimé découvrir les us et coutumes des autochtones Ibos, leur mode de vie, leur religion polythéiste, leur vie de famille polygame, la façon dont ils se nourrissent, échangent avec leurs voisins, prennent des décisions, etc. J’ai aimé en apprendre davantage sur cette vie si différente de notre quotidien. Néanmoins, ce qui m’intriguait le plus était la confrontation entre deux idéaux, celle des Ibos et celle des Blancs, ces étrangers venus d’ailleurs pour leur dire comment mener leur vie.

C’était ma phase préférée du roman. J’ai autant apprécié l’offuscation de la population face à ces nouveaux arrivants, que la manière dont les Occidentaux arrivent à convertir une partie du village en touchant leurs cordes sensibles. On voit aussi bien le scepticisme, le doute, l’espoir que l’incompréhension, la colère et la condescendance. C’est une effusion d’émotions diverses et variées qui agitent la région. C’est l’heure du Christianisme et de la colonisation et cela ne plaît, bien entendu, pas à tout le monde. La scène qui m’a le plus frappé n’est cependant pas un conflit mais une discussion entre un noble Ibos et un prêtre occidental. La religion, tout comme la politique, est un sujet sensible pour beaucoup, elle est source de nombreuses batailles, mais là nous avons une conversation pacifique entre deux personnages à la vision complètement opposée et c’était passionnant à suivre. La manière dont chacun argumente et contre-argument les dires de l’autre m’a captivé.
Malheureusement, cette partie commence bien trop tard à mon goût. Elle n’occupe que les 20 derniers pourcent du livre et j’aurais aimé qu’elle prenne beaucoup plus de place.

Bref, « Tout s’effondre » fût une bonne lecture. J’ai aimé observer la vie de ces autochtones Ibos et notamment celle de Okonkwo. A travers ce personnage, j’ai découvert une nouvelle culture, d’autres superstitions et une façon bien différente de vivre que nous mais tout autant légitime. J’ai néanmoins été plus attirée par la fin du livre et le choc des croyances qu’entraîne l’arrivée des Occidentaux. De ce fait, j’aurais apprécié que cette partie soit plus développée et qu’on voit davantage les changements que la colonisation a amené dans ces régions d’Afrique.

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