Ikigami – Motorô Mase

Note : ★★★★☆ (3.5/5)
Extrait : « On apprend moins de choses à l’école que dans le monde extérieur mais, une fois adultes, bien des gens se rendent compte que c’est là qu’ils ont véritablement pris leur départ dans la vie. »

couv6234534Titre : Ikigami : Préavis de mort
Auteur : Motorô Mase
Genre : Seinen
Langue : Française
Tomes : 10 tomes (terminé)
Note : 3.5/5

En bref : Un goût d’inachevé. J’ai aimé les histoires contées et les thèmes explorés mais j’aurais apprécié un meilleur équilibre dans le rythme, trop lent au début, trop rapide à la fin. Cette fuite en avant du héro et ce dénouement laissé à l’abandon ne m’a pas plu. Je retiendrai donc seulement les récits de ces sacrifiés et les morales qui en ressortent.

Résumé :

Dans ce pays, tous les enfants sont vaccinés à leur entrée à l’école. Mais un vaccin sur mille contient une micro-capsule qui explosera entre l’âge de 18 et 24 ans, causant la mort de la jeune personne.

Un fonctionnaire a reçu pour mission de délivrer dans sa circonscription l’Ikigami, le préavis de décès annonçant qu’il ne reste plus que 24 heures avant explosion de la capsule. En suivant de près ou de loin le sort des hommes et des femmes à qui il vient annoncer la mort, il en vient à se poser des questions interdites sur la légitimité de cette « Loi pour la Prospérité Nationale »

Avis :

Comment faire prendre conscience de l’importance de la vie aux gens ? Le pays où vit Fujimoto semble avoir trouvé la solution. Quand les enfants rentrent à l’école primaire, ils se font tous vacciner. Parmi ces vaccins, un sur mille contient une capsule qui explosera lorsque l’individu aura entre 18 et 24 ans. En ayant cette bombe à retardement dans la tête, le gouvernement veut inciter la population à profiter de la vie jusque-là et encore après, s’ils ne font pas partis des « élus ». L’autre particularité de ce système est que la personne dont la capsule va exploser, est prévenue 24h avant. C’est le rôle de Fujimoto. Fonctionnaire pour la Prospérité Nationale, il délivre les Ikigami (préavis de décès) aux personnes dont il ne reste plus que 24h à vivre.

J’avais commencé ce mangas il y a fort longtemps mais je n’avais jamais réussi à trouver le dixième et dernier tome et je ne l’avais donc jamais terminé. Voilà chose faite aujourd’hui et je ressors plutôt déçue de ma lecture.
J’ai beaucoup aimé les premiers tomes. En même temps que Fujimoto délivre les Ikigami, nous découvrons le monde dans lequel il vit, le principe du vaccin, les lois qui régissent la vie des habitants et les dangers qu’il y a à aller à l’encontre du gouvernement, ne serait-ce que dans la pensée. En effet, le système ne fait pas l’unanimité mais il n’est pas bon d’exprimer son ressentiment car toute personne suspectée d’agir contre le pays ou de simplement médire sur la Loi de la Prospérité Nationale, peut être considérée comme un élément dégénéré et être arrêtée par la Police. D’autres règles sont portées à notre attention au fil des tomes, comme le fait qu’une personne qui reçoit l’Ikigami peut avoir accès gratuitement à un nombre d’établissements et de moyen de transports variés ou que tout manquement à la loi durant ces dernières 24h entraînent de lourdes peines qui sont reportés sur la famille du futur défunt. Bref, je trouve que le monde imaginé par Motorô Mase est globalement très bien ficelé, cohérent et développé comme il se doit, seule la fin ne m’a pas convaincue mais je reviendrai dessus plus bas.

Pour ce qui est de l’histoire, chaque tome est divisé en deux et chaque partie va nous raconter les dernières 24h d’une personne recevant l’Ikigami et de son entourage. Tous les récits ne se valent pas et certaines m’ont plus touché que d’autres. Les trois histoires qui m’ont le plus marqué sont : celle du frère et de sa sœur aveugle qui n’arrive pas à avoir un donneur de corné, celle d’un graffeur qui va à l’encontre de ses convictions et enfin celui d’un jeune passionné de photographie qui avait pour objectif de reprendre le studio du vieux couple qui lui a tout enseigné. C’est particulièrement cette dernière qui m’a ému, elle dégageait des émotions vraiment fortes !
Je n’ai cité que des histoires qui finissent bien mais ce n’est pas le cas de toutes. Certaines voient la personne qui reçoit l’Ikigami commettre des crimes pour faire entendre sa voix, se venger ou encore essayer d’échapper à son sort, d’autres vont mourir prématurément, devenir fou ou au contraire, être soulagé du sort qui les attend. Il y a une grande variété dans les dénouements mais aussi dans les personnages en eux-mêmes. Femmes, hommes, beaux, moches, riches, pauvres, délinquants, personnes bien sous tout rapport, passionnés, désœuvrés, l’auteur nous dévoile un panel de personnages très intéressant. A travers eux, il développe des thèmes comme l’éducation, la famille, l’amour, les passions, l’apparence, le désir, le désespoir, le crime, l’envie de laisser sa marque, de vivre pour soi ou pour les autres et j’en passe. Il y a beaucoup de messages et de réflexions sur la vie et comment la mener au mieux.

Malheureusement, cela n’a pas suffit à éveiller mon intérêt jusqu’au bout. Même si j’ai aimé les histoires individuellement, je regrette qu’elles ne soient pas suffisamment liées les unes aux autres. Le fil rouge est tenu par Fujimoto mais il faut attendre pas mal de tomes avant que les personnes qu’il rencontre ébranlent ses convictions. Et même là, ça reste très lent et en surface. Il faudra patienter les 2-3 derniers tomes pour qu’il y ait une réelle révolte du personnage principal (et encore). J’ai trouvé cela bien dommage parce que tout y est alors précipité et l’auteur n’a pas réussi à m’embarquer avec lui dans cette ultime aventure. Pourtant, il y avait de bonnes idées avec le conflit contre la Fédération et l’enrôlement des citoyens mais il aurait fallu plus de temps pour développer comme il se doit cette partie, tout comme celle avec le groupe « L’Union pour une nouvelle révolution » qui est opposé à la Loi pour la Prospérité Nationale. Elle est à peine évoquée alors que c’était pour moi, un point important à mettre en avant.

Bref, « Ikigami » me laisse, à l’instar de 1984 de George Orwell, un sentiment d’inachevé à la lecture de ce dernier tome. J’ai beaucoup aimé les histoires contées et les thèmes explorés mais j’aurais aimé un meilleur équilibre dans le rythme, qui est trop lent au début et trop rapide sur la fin. Je n’ai pas apprécié cette fuite en avant des personnages et ce dénouement laissé à l’abandon. Je retiendrai donc seulement les récits individuels de ces sacrifiés et la morale qui ressort de chacune de ces histoires.

3 réflexions sur “Ikigami – Motorô Mase

  1. C’était justement cette absence de prise de conscience qui m’avait lassée, je pense.
    Si en prime, on n’a quasi pas de fil rouge, que ça se traîne et que c’est inégal, j’avoue que ça ne me donne pas envie de reprendre 😅

    J’aime

    • Le héro réfléchit et on voit bien qu’il est sceptique voire carrément contre la loi mis en place mais il met une éternité pour passer à l’action… 😮‍💨
      J’ai l’impression que l’auteur y est allé en mode Détective Conan (avec un fil rouge aussi tenu) en pensant qu’il aurait le temps de développer son univers. Puis l’éditeur est un jour passé lui dire qu’il devait clore son histoire en 2 tomes et c’est pour ça que tout s’enchaîne par la suite…

      Je ne te le conseille pas perso, il y a mieux à lire désormais 😅

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