Je vous écris du Vél d’Hiv – Karen Taieb

Note : ★★★★☆ (3.5/5)
Extrait : « L’homme est l’animal qui s’adapte le plus facilement à toutes les conditions de vie. » – « Je ne fais rien, aussi j’ai tout mon temps pou réfléchir et méditer sur tout le bonheur perdu. »

61mVEry4E7LTitre : Je vous écris du Vél d’Hiv
Auteur : Karen Taieb
Genre : Historique, Témoignage
Langue : Française
Pages : 217
Note : 3.5/5

En bref : Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais mais j’ai tout de même été émue par ce recueil de lettres. Malgré le côté répétitif du contenu, il était intéressant de connaître le vécu des juifs privés du jour au lendemain de leur foyer et parfois même de leur famille. J’ai aussi aimé, dans les annexes, le témoignage d’un pompier qui a travaillé au Vél’d’Hiv à cette époque.

Résumé :

Treize mille Juifs ont été arrêtés les 16 et 17 juillet 1942 lors de la rafle du Vél’d’Hiv. Longtemps, on a cru qu’il ne restait de ces journées qu’une seule et unique photo, quelques documents administratifs et de trop rares témoignages. Récemment, au Mémorial de la Shoah, Karen Taieb a découvert une poignée de lettres écrites dans l’enceinte même du vélodrome d’Hiver et sorties clandestinement. Tous leurs auteurs ont été déportés. Parmi eux, seule une femme est revenue. Réunies pour la première fois, reproduites en fac-similé et retranscrites, ces lettres nous plongent de façon saisissante dans la réalité de cet épisode tragique.

Avis :

Les 16 et 17 juillet 1942, une rafle a lieu en France. Des milliers de juifs sont arrachés à leur foyer et transportés jusqu’au Vélodrome d’Hiver. Cette fois-ci, il n’y a pas seulement des hommes qui sont embarqués mais aussi des femmes et des enfants. Pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, ces personnes vont vivre confinés dans cet établissement avant d’être déplacé groupe par groupe dans des camps en France et ailleurs. Durant cette attente interminable, certains vont tout faire pour entrer en contact avec l’extérieur et trouver une solution pour obtenir des vivres ou des moyens de sortir de cette enceinte. Une grosse partie de ces échanges a disparu à jamais mais quelques lettres ont réussi à traverser les années et à venir jusqu’à nous. Ce livre regroupe une quinzaine d’histoire de cette épisode.

Petit passage à la librairie où je cherchais des ouvrages courts sur la Seconde Guerre Mondiale. Je suis tombée sur ce livre qui nous parle de la rafle du Vél d’Hiv’ et je me suis souvenue du film « La Rafle » qui m’avait fortement marqué à sa sortie. Je m’attendais à être aussi touchée par ces lettres écrites à la main. Ce ne fût pas tant le cas que ça.
Je pensais lire des lettres poignantes d’hommes, de femmes ou d’enfants demandant de l’aide pour sortir de ce cauchemar mais j’ai eu, à la place, beaucoup d’écrits factuels. Des juifs qui contacte leurs voisins, leur famille pour aller chercher des vivres ou des affaires chez eux, pour s’occuper de papiers administratifs, etc. Il y avait pas mal de lettres « ordinaires » mais qui reflètent finalement bien que les juifs raflés n’avaient aucune idée de ce qui les attendait.

On voit à travers ces courriers que toutes ces personnes avaient les mêmes tourments (l’entretien de leur maison, protéger les membres de leur famille, obtenir de quoi manger et se vêtir). La plupart avait espoir que ce soit un mauvais moment à passer, une étape avant de retourner chez eux. Tout cela fait que chaque récit se ressemble et le livre en devient quelque peu répétitif. Des courriers se détachent des autres et nous racontent la situation sanitaire et le quotidien de ceux qui sont sur place mais il n’y en a pas eu suffisamment pour me captiver jusqu’au bout.

En ce qui concerne la forme, chaque lettre provient du Mémorial de la Shoah et a été scannée pour les besoins du livre. Nous pouvons voir la manière dont chaque personne a écrit et sur quel support. Le texte est ensuite retranscrit au propre à côté pour plus de lisibilité. Aussi, quand le contexte et l’histoire de ces familles sont connus, des informations supplémentaires sont données entre chaque échange afin que nous appréhendions mieux la chronologie des événements. Est-ce qu’ils ont pu avoir l’aide demandé et se faire exempter de déportation ? Est-ce qu’ils sont partis dans des camps ? Est-ce qu’ils ont été séparés de leur famille ? Est-ce qu’ils ont, tout simplement, survécu ? Et comment ces lettres sont parvenus jusqu’au Mémorial de la Shoah ? Autant de questions qui trouveront réponse dans ce recueil de lettres et qui nous éclaireront sur la situation de l’époque.

Ce que j’ai tout particulièrement aimé, en plus des photos récupérées de ces gens et des dessins que certains ont faits, c’est le témoignage d’un sapeur-pompier de Paris, qui a été réquisitionné pour vérifier l’état et la sécurité sur le plan incendie du Vélodrome d’Hiver avant et pendant son occupation. Il explique sa mission, ce qu’il a vu et ce qu’il a fait pour aider un tant soit peu ces déportés. C’est un contre-rendu très touchant et qui montre parfaitement bien la dualité que nous pouvions retrouver durant le régime de Vichy.

Bref, « Je vous écris du Vél’d’Hiv » n’a pas répondu entièrement à mes attentes. J’ai aimé lire les témoignages de personnes quelque peu extérieures à cet événement mais aussi voir les courriers authentiques des juifs expulsés de chez eux. J’ai apprécié que ces écrits soient complétés par des informations récoltées par des historiens et que nous n’ayons pas juste une succession de lettres sans queue ni tête. Malheureusement et ce n’est la faute de personne (ils ont publié là, les lettres qu’ils ont eu la chance de trouver et conserver), je regrette le manque de variété. J’espérais avoir du contenu sur le quotidien de ces familles dans le vélodrome, avoir une idée de l’ambiance qui régnait à l’époque, comment une journée se déroulait, etc. mais j’ai surtout lu les inquiétudes des juifs par rapport à leur foyer laissé précipitamment et par le manque de nourriture. Ce sont des préoccupations tout à fait normales, vu qu’ils ne savaient pas dans quoi on les avait embarqué exactement. Puis, j’espérais toujours lire à la fin de chaque histoire que la personne en question avait réussi à s’en sortir mais ça rendait tout de même la lecture redondante au bout d’un moment.

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