Les Errantes – Jo Witek

Note : ★★★★☆ (4.25/5)
Extrait : « Rien n’est prévisible. Tout est hasardeux. Accidentel. La vie consiste à être à l’écoute des accidents pour apprendre à écouter et voir ce qui nous échappe. La vérité est là. Dans ce qui nous échappe. Du chaos naît l’évolution. »

couv24329791Titre : Les Errantes
Auteur : Jo Witek
Genre : Fantastique, Jeunesse
Langue : Française
Pages : 320
Note : 4.25/5

En bref : J’ai aimé la plume immersive de l’auteur ainsi que le caractère des personnages. Ils ne se laissent pas abattre et ils savent se soutenir quand c’est nécessaire. J’aurais apprécié que les différents phénomènes paranormaux que subissent nos héroïnes soient plus liés entre eux mais pour le reste, je n’ai rien à redire. Chaque récit est bien ficelé du début à la fin.

Résumé :

Suzanne, une streameuse survoltée, Saskia, une artiste en proie au découragement, et Anne-Lise, une jeune fille pétrie de spiritualité et en décalage avec son époque, cohabitent au dernier étage d’un immeuble bourgeois. Des apparitions fantomatiques et surnaturelles sèment la peur dans l’appartement.

Avis :

Le père de Suzanne lui a mis un ultimatum, soit elle reprend ses études et arrête de jouer à des jeux-vidéos toute la journée, soit elle quitte la maison sur le champs. Pour Suzanne le choix est évident. Pas question d’arrêter son métier de streameuse et si son père n’est pas capable de comprendre sa passion, tant pis pour lui. Elle part donc de chez elle et reçoit l’aide d’un de ses followers, Darksun, qui lui propose de la loger dans un immeuble géré par ses parents. Sur place, elle fait la connaissance de ses voisines de palier, Anne-Lise, la sœur de Darksun et Saskia, une estonienne venue en France pour faire les Beaux-Arts.
Cela fait à peine quelques jours que Suzanne est dans son nouvel appartement que d’étranges phénomènes se produisent et elle ne semble pas la seule à y être confrontée. Que se passe t-il ?

Ce livre m’a été conseillée par Elsiedansleslivres qui a eu un coup de cœur pour ce roman paranormal. Le résumé m’a intrigué et je n’ai pas tardé à me lancer dans cette lecture. Pour ma part, je n’ai pas eu de coup de cœur mais j’ai tout de même passé un très bon moment devant.

La narration est divisée en trois. Nous avons Suzanne, une streameuse qui a quitté le cocon familial car son père ne comprenait pas son métier. Suzanne est une jeune femme acharnée qui fait de son mieux pour trouver sa place dans un milieu encore bien masculin. J’ai aimé son look, son assurance et son franc-parler. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et même face à des milliers de spectateurs, elle ne se bride pas ni ne se camoufle.
Puis, nous avons Saskia, une artiste-peintre venue d’Estonie dans le but de faire les Beaux-Arts à Paris et de percer dans le milieu artistique. Elle passe ses journées à peindre et récemment, elle est allée voir un galeriste qui l’a complètement recalé. Humiliée, elle va perdre pied et cela ne va pas aller en s’arrangeant quand une apparition va commencer à la suivre partout. Ce que j’ai aimé chez Saskia, c’est sa sensibilité artistique mais aussi la force de caractère qu’elle cache en elle. A première vue, on pourrait penser que c’est une femme qui va se faire marcher dessus constamment alors qu’en réalité, elle peut devenir une vraie tigresse si on la titille trop.
Enfin, nous suivons aussi Anne-Lise, la fille des propriétaires de l’immeuble. Elle séjourne avec les locataires suite à un désaccord avec ses parents. En effet, ses parents sont des catholiques pratiquants et ils voient d’un mauvais œil la façon dont leur fille vît sa religion. Anne-Lise ne va plus à l’Eglise, mange peu, évite les contacts humains et préfère entrer en contact directement avec Dieu plutôt que de passer par une structure déjà établie. C’est avec elle que j’ai eu le moins d’atomes crochus. Je ne suis pas croyante et encore moins pratiquante alors sa ferveur m’a un peu rebuté au départ. Néanmoins, au fil des pages et de ses réflexions, j’ai fini par comprendre son point de vue et bien que ça ne soit pas le mien, j’ai pu l’accepter tel quel.

Ces trois jeunes femmes n’ont rien en commun et pourtant, elles vont toutes subir des phénomènes paranormaux. J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteur. Ce n’est pas effrayant au point où j’ai eu des frissons et j’ai du regarder derrière moi si quelque chose n’allait pas surgir, mais c’était suffisamment bien écrit pour me transporter et me captiver tout le long. J’avais du mal à m’arrêter et j’étais curieuse de savoir où ces hallucinations, apparitions, etc. allaient emmener nos protagonistes.
Et c’est là où j’ai été un poil déçue. Tout d’abord, j’ai trouvé les raisons de l’apparition de ces phénomènes un peu bancales. Puis, j’aurais aimé qu’il y ait plus de liens, non pas entre l’héroïne et le fantôme qui la suit (de ce côté-là, c’était bien pensé et amené), mais entre chacune d’entre elles. Parce qu’au final, Suzanne, Anne-Lise et Saskia subissent en même temps ces événements étranges mais pour des raisons qui n’ont aucun rapport les unes avec les autres. D’un côté, cela nous donne trois récits en un et c’est plutôt cool car chacune a une histoire « personnalisée » mais d’un autre, j’aurais préféré que le fil rouge qui englobe tout ça, soit moins ténu.

Malgré tout, comme je l’ai dit plus haut, j’ai passé un bon moment et les dénouements ont été plutôt réussis. Le seul point qui m’a réellement agacé, c’est l’abondance d’anglais qu’emploie Suzanne dans le livre. Qu’elle utilise des mots comme « streameuse », « gameuse », pourquoi pas mais, sur la fin, c’était excessif tout ces « fight », « farmer », « newbies », « dead », « hater », « girl power » et j’en passe. Je sais bien que c’est le vocabulaire qui est souvent employé dans le milieu des jeux-vidéos mais est-ce que c’était vraiment nécessaire d’en mettre autant ? Je ne suis pas sûre.

Bref, « Les Errantes » fût une bonne découverte. J’ai aimé la plume plutôt immersive de l’auteur ainsi que le caractère des personnages, qui ne se laissent pas abattre et qui savent se soutenir quand cela est nécessaire. J’aurais apprécié que les différents phénomènes paranormaux que subissent nos héroïnes soient plus liés les uns aux autres mais pour le reste, je n’ai rien à redire. Chaque histoire est bien ficelée du début à la fin. J’ai passé un bon moment et les pages ont défilé sans que je m’en rende compte.

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