Tokyo Vice – Jake Adelstein

Note : ★★★★★ (4.5/5)
Extrait : « C’est quoi le yarusenai ? C’est cet e-mail auquel vous ne répondrez jamais et que vous n’ouvrirez pas. C’est le mauvais conseil que vous avez donné et le coup de fil que vous auriez dû donner, et tout ce qui en découle. »

couv50850406Titre : Tokyo Vice
Auteur : Jake Adelstein
Genre : Autobiographie, Policier
Langue : Française
Pages : 475
Note : 4.5/5

En bref : Un bon mélange entre un policier, un documentaire et une biographie. J’ai aimé l’honnêteté de l’auteur et son implication dans les enquêtes. C’était passionnant et instructif à suivre. Je l’ai trouvé factuel au début mais plus dans les émotions par la suite, comme si les années avaient corrodé son mur d’indifférence.

Résumé :

« Parfois, mieux vaut avoir de la chance que d’être bon. »

Quand Jake Adelstein intègre en 1993 le service Police-Justice du plus grand quotidien japonais, le Yomiuri Shinbun, il n’a que 24 ans et il est loin de maîtriser les codes de ce pays bien différent de son Missouri natal. À Tokyo, il couvre en étroite collaboration avec la police les affaires liées à la prostitution et au crime organisé. Pour cela, il n’hésite pas à s’enfoncer dans les quartiers rouges de la capitale, dans les entrailles du vice et de la décadence. Approché par les yakuzas, il devient leur interlocuteur favori tout en restant un informateur précieux pour la police. Une position dangereuse, inédite et ambivalente, aux frontières du crime, qui incite Jake Adelstein à entrer dans un jeu dont il ne maîtrise pas les règles.
A mi-chemin entre le polar mafieux et l’enquête journalistique, Tokyo Vice est aussi le roman initiatique d’un jeune journaliste américain à Tokyo qui nous livre, avec beaucoup d’humour, un témoignage nerveux sur l’envers de la société nippone.

Avis :

Jake Adelstein fait ses études au Japon dans le but d’être journaliste. Son objectif n’est pas d’être dans un journal local mais bien d’intégrer un des trois journaux japonais les plus lus du pays : le Yomiuri Shinbun, qui plus est, dans la section des enquêtes policières. Il finit par y arriver. Il découvre alors le mode opératoire des japonais et profite de son statut d’étranger pour faire quelques entorses au règlement. Mais plus les années passent, plus les relations entre les différents partis impliqués dans une affaire deviennent flous. Jusqu’où faut-il aller pour avoir un scoop ?

Je m’imprègne du Japon jusque dans mes lectures et quel roman ! Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur. Il a une maîtrise des mots, du suspense et il sait nous mettre l’eau à la bouche quand il faut. Bien que son livre ait une approche très journalistique, on ressent parfaitement ses émotions, surtout vers la fin. En effet, on voit bien que le poids des années pèsent sur ses épaules et qu’il ressasse ses erreurs, ses actes manqués et qu’il refait le monde pour échapper aux conséquences de certaines de ses actions. Cela rend le dénouement vibrant et marquant ! Mais bon, je vais un peu vite en besogne.

Jake Adelstein est un journaliste qui s’est focalisé au fil de sa carrière sur le crime organisé aka la mafia japonaise. Il était encore rare à l’époque d’avoir des étrangers dans des aussi grosses boîtes et cela lui a valu autant de passe-droits que d’inconvénients. Dans ce livre autobiographique, il nous raconte sa vie professionnelle, comment il a passé le concours d’entrée, le rituel des nouveaux embauchés, son premier scoop, ses affectations mais aussi ses relations avec ses collègues du journal, la police, les yakuzas ou encore ses informateurs. Tout cela était passionnant et très instructif à suivre. Je ne sais pas comment se déroule les choses désormais mais dans les années 90 et début 2000, les liens entre la police, les journalistes et la mafia étaient très étroits et Jake Adelstein nous explique tout le protocole à respecter lorsqu’on suivait une affaire.
Certains des passages du livre m’ont rappelé les vidéos que Louis-san a faites sur les cinq tabous au Japon d’ailleurs, ce qui vient corroborer ses dires.

Bien sûr, pour des questions de sécurité et de confidentialité, il a modifié la plupart des prénoms, certaines dates et des lieux mais cela ne change en rien ce qu’il s’est déroulé. Et des événements, il y en a eu ! Le livre regorge d’anecdotes du quotidien, d’affaires anodines, comme d’enquêtes qui ont fait sensation à l’époque. Chaque souvenir a son importance pour la suite, soit parce qu’il a eu un impact sur la vie et la façon de faire et de penser de Jake Adelstein, soit parce qu’ils ont marqué l’opinion publique. Ce qui est sûr, c’est que rien est laissé au hasard et que l’auteur nous embarque avec lui jusqu’au bout.

Un autre point que j’ai aimé, c’est que l’auteur ne cache pas ses erreurs et n’édulcore pas sa vie. Cela n’en fait pas toujours une personne très attachante certes, mais ce n’est pas non plus le but du livre. Il est là pour nous expliquer comment le métier de journaliste fonctionne au Japon, quels sont les risques, les avantages et il le fait très bien. J’ai passé un super moment et je n’ai pas vu les pages défilées.

Bref, « Tokyo Vice » est un mélange entre un policier, un documentaire et une autobiographie. Jake Adelstein nous explique les fondements de la société japonaise d’un point de vue journalistique dans les années 90 et les débuts 2000 ainsi que le fonctionnement du crime organisé. J’ai aimé le franc parler de l’auteur, ses explications ou son implication dans les enquêtes. J’ai apprécié en apprendre davantage sur les devoirs d’un journaliste, la façon de faire des Yakuza et comment la police et les journalistes interagissent avec eux. Je l’ai trouvé plutôt factuel au début mais plus dans les émotions par la suite, comme si son expérience et les années avaient corrodé son mur d’indifférence. C’est un aspect du livre qui m’a plu, en plus de tout ce que l’on peut apprendre.

3 réflexions sur “Tokyo Vice – Jake Adelstein

  1. Aaaaah je suis déçue de ne pas avoir vu ta chronique assez tôt parce que j’ai hésité à acheter ce livre aujourd’hui et finalement je l’ai reposé ! Ce sera pour une autre fois xD Je ne lis pas intégralement ta chronique pour éviter de trop en savoir sur le livre, mais je note que tu as aimé, merci !

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