Adieu Birkenau – Ginette Kolinka

Note : ★★★★★ (4.5/5)
Extrait : « Je travaille au service courrier et je n’en peux plus de trier toutes ces lettres de dénonciation, quand je peux, je préviens les familles en danger. Aujourd’hui, j’ai vu votre nom et votre adresse. »

couv14457132Titre : Adieu Birkenau
Auteurs : Ginette Kolinka, JDMorvan, Victor Matet
Genre : BD, Historique
Langue : Française
Pages : 100 pages (terminé)
Note : 4.5/5

En bref : Une très bonne lecture pour les néophytes de la Shoah ou pour tout ceux qui n’aiment pas spécialement lire. La BD est très bien scénarisée et met en avant la force de caractère de Ginette Kolinka. J’ai été sous le charme de cette mamie pleine de vie malgré les heures sombres qu’elle a pu vivre dans sa jeunesse.

Résumé :

« Moi-même je le raconte, je le vois, et je me dis, c’est pas possible d’avoir survécu… »

Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon avec son père, son petit-frère de douze ans et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau : elle sera seule à en revenir, après avoir été transférée à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce convoi du printemps 1944 se trouvaient deux jeunes filles dont elle devint amie, plus tard : Simone Veil et Marceline Rosenberg, pas encore Loridan – Ivens.

Aujourd’hui, à son tour, Ginette Kolinka raconte ce qu’elle a vu et connu dans les camps d’extermination. Ce à quoi elle a survécu. Les coups, la faim, le froid. La haine. Les mots. Le corps et la nudité. Les toilettes de ciment et de terre battue. La cruauté. Parfois, la fraternité. La robe que lui offrit Simone et qui la sauva. Que tous, nous sachions, non pas tout de ce qui fut à Birkenau, mais assez pour ne jamais oublier ; pour ne pas cesser d’y croire, même si Ginette Kolinka, à presque 94 ans, raconte en fermant les yeux et se demande encore et encore comment elle a pu survivre à « ça »…

Avis :

Ginette Kolinka est une jeune juive née dans les années 20 en Allemagne. Elle a vécu sous la domination d’Hitler et surtout, elle a été emmenée, elle et une partie de sa famille, dans les camps de concentration. Aujourd’hui, libérée, elle témoigne auprès d’élèves pour raconter son histoire, ce qu’elle a vu et ce qu’elle a subi. Elle est passeuse de mémoire de la Shoah.

J’avais entendu parler de cette BD lors d’une émission chez Quotidien alors quand je l’ai vu dans les nouveautés de ma médiathèque, je n’ai pas hésité à le prendre. C’est une adaptation du roman autobiographique de l’auteur paru quelques années auparavant. Je n’ai pas lu le roman donc je ne peux pas comparer et vous dire les changements qu’il y a entre les deux versions mais, en tout cas, celle-ci m’a fortement plu. 

Nous y rencontrons Ginette après la guerre, qui part en voyage scolaire avec une classe de son ancien collège. Ils partent en Pologne visiter, entre autres, le camp de concentration de Birkenau, le lieu où fût détenue pendant de longs mois, Ginette Kolinka. Sur place, elle montre aux élèves, les infrastructures, à quoi ils servaient, ce qu’elle y faisait, elle et les autres prisonniers, mais aussi comment l’environnement était (absence d’herbes au sol, odeurs et insalubrité, etc.). C’était étonnant de voir comment la nature a repris ses droits mais aussi comment les responsables de ce « musée » à ciel ouvert, se sont permis de modifier certains bâtiments pour rendre les pièces plus présentables. Les corrections de notre héroïne étaient alors bienvenue.

Ginette, du haut de ses 98 ans, est une personnalité à part entière. Que ce soit un moyen d’auto-défense ou juste son caractère, j’ai adoré son franc-parler et son humour quand elle explique son passé aux élèves. J’ai été touchée par son courage et son envie de partager son expérience en espérant que les gens comprennent ce qu’elle a vécu et retiennent ces événements afin qu’ils ne se reproduisent plus jamais. C’est une BD qui ne va pas forcément au fond des choses, qui n’explique pas l’aspect géopolitique du pays, ni le système carcéral au grand complet mais elle nous montre l’innocence et l’incompréhension d’une famille qui subit une discrimination sans pareille. C’est une bande-dessinée qui va plus aller dans l’émotion et dans l’aspect psychologique plutôt que dans les faits purs et durs. 

Du coup, bien que l’histoire en elle-même ne m’ait pas appris grand-chose de plus que je ne savais déjà, j’ai trouvé la vie de Ginette Kolinka touchante. Cependant, ce qui m’a le plus marqué, c’est la mise en page. La structure des cases est très classique mais le choix des couleurs et le style graphique est particulièrement réussis. J’ai aimé que les scénaristes aient superposés, dans une même case, le présent, avec Ginette et ses élèves, et le passé, avec Ginette plus jeune et ses co-détenus. Cet assemblage d’événements qui ont eu lieu à un même endroit à deux époques différentes rend le témoignage de Ginette plus parlant. Le fait de mettre des personnages sous forme d’ombres pour représenter des prisonniers lambdas m’a aussi frappé. On peut y voir là, aussi bien la déshumanisation des prisonniers que la mémoire incomplète de notre personnage principal qui voyait tout le monde de la même façon.

Bref, « Adieu Birkenau » est une BD très intéressante. Les générations qui arrivent, ont peu de chance d’avoir des témoignages en direct, aussi crus, alors il me parait vital d’en récolter un maximum, et de les coucher dans tous les formats possibles afin de toucher le pus de personnes. Cette BD est une très bonne lecture pour les néophytes de la Shoah ou pour tout ceux qui n’aiment pas spécialement lire. C’est à la portée de tous, c’est touchant et cela nous donne une idée globale de ce qui s’est passée et de ce que les juifs ont pu subir durant la Seconde Guerre Mondiale. La BD est très bien scénarisée et met en avant la force de caractère de Ginette Kolinka, son innocence bafouée et son calvaire mais aussi sa vie après les camps. J’ai été sous le charme de cette petite grand-mère pleine de vie malgré les heures sombres qu’elle a pu vivre dans sa jeunesse.

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