Au nom du Japon – Hirô Onoda

Note : ★★★★☆ (4/5)
Extrait : « Je croyais sincèrement que le Japon ne se rendrait jamais tant qu’un seul Japonais serait encore en vie. Et réciproquement, si un seul Japonais était encore en vie, le Japon ne pouvait s’être rendu. »

couv38499840Titre : Au nom du Japon
Auteur : Hirô Onoda
Genre : Biographie
Langue : Française
Pages : 320
Note : 4/5

En bref : J’ai été impressionnée par le dévouement et la capacité d’adaptation de Hirô Onoda. Le sacrifice qu’il fait de sa personne peut paraître risible à premier vue, mais quand on resitue l’époque et les circonstances, on finit par accepter cette possibilité, même si on ne la comprend pas forcément. Tout ce chemin parcouru rend la fin touchante.

Résumé :

1945. La guerre est terminée, l’armistice est signé. Mais à ce moment précis, le jeune lieutenant Hiro Onoda, formé aux techniques de guérilla, est au cœur de la jungle sur l’île de Lubang dans les Philippines. Avec trois autres hommes, il s’est retrouvé isolé des troupes à l’issue des combats. Toute communication avec le reste du monde est coupée, les quatre Japonais sont cachés, prêts à se battre sans savoir que la paix est signée. Au fil des années, les compagnons d’Hiro Onoda disparaîtront et il demeurera, seul, guérillero isolé en territoire philippin, incapable d’accepter l’idée inconcevable que les Japonais se soient rendus. Pendant 29 ans, il survit dans la jungle. Pendant 29 ans il attend les ordres et il garde sa position. Pendant 29 ans, il mène sa guerre, au nom du Japon. Ce récit incroyable est son histoire pour la première fois traduite en français. Une histoire d’honneur et d’engagement sans limite, de foi en l’âme supérieure d’une nation, une histoire de folie et survie.

Avis :

Nous sommes en 1944, la Seconde Guerre Mondiale touche à sa fin mais personne ne le sait. Le Japon n’a pas encore dit son dernier mot et se bat obstinément dans les eaux du Pacifique. Pour cela, il envoie une troupe de soldats dans les îles des Philippines pour mettre en place des guerillas. C’est dans ce but qu’est envoyé Hirô Onoda sur l’île de Lubang où il y passera une trentaine d’années.

J’ai pris connaissance de cette histoire grâce à Mamytwink qui tient une chaîne YouTube de vulgarisation et d’exploration. Il a fait une vidéo (lien) sur ce japonais qui a continué à faire la guerre, sur l’île où il avait été envoyé, alors qu’elle était finie depuis longtemps. En allant à la librairie, quelques mois plus tard, je suis tombée par hasard sur le livre qui raconte les détails de cette aventure particulière et je me le suis procurée.

J’ai été impressionnée par la vie qu’a mené Hirô Onoda. Le livre commence par nous relater son adolescence, sa passion pour la danse et les filles et ses études en Chine. Puis, son examen physique lui permet de rejoindre l’armée japonaise. A partir de là, nous le voyons gravir les échelons, suivre un entrainement intensif pour finalement intégrer un groupe de soldats d’élite. Vient enfin le jour des affectations. Hirô Onoda est envoyé sur Lubang et nous sommes alors à ses côtés durant les 29 années qu’il va passer sur l’île, tout d’abord avec son bataillon, puis avec quelques soldats et enfin seul.
Pendant tout le livre, on retrouve parfaitement l’esprit japonais de l’époque qui est de mourir, de se sacrifier, plutôt que perdre ou déshonorer son pays. On peut observer aussi à quel point les japonais avaient foi en leur pays, en leur empereur et sa capacité à se relever malgré les défaites qui commençaient à s’enchaîner. Pendant toute leur formation, on leur a inculpé une certaine façon de penser et d’agir et c’est vraiment resté ancré dans la plupart d’entre eux.

Hirô Onoda en est un parfait exemple. Pendant 29 ans, il sera persuadé que la guerre n’est pas terminée et que le Japon se bat courageusement contre l’envahisseur et qu’il enverra à nouveau des troupes pour sécuriser l’île. A aucun moment, cette conviction ne faillira. Alors même que divers moyens sont employés pour communiquer avec le soldat et lui signifier que la guerre est finie et qu’il peut rentrer chez lui, jamais il n’y croira. Ces passages étaient fascinants et effrayants à la fois. Nous voyons à quel point le cerveau est capable de modeler les informations à sa sauce afin d’obtenir une réflexion acceptable pour la personne.

Une partie du livre mentionne, comme je l’ai dit, le passé de Onoda, sa mission au sein de l’armée et le dévouement aveugle dont il fait preuve envers son pays. Mais une autre partie nous raconte aussi les détails de sa survie et son quotidien dans la jungle. Comment il trouvait de la nourriture, la cuisinait et la conservait. Comment il se protégeait des animaux et des habitants de l’île. Comment il conservait en bon état ses armes et ses vêtements. Comment il occupait son temps et restait en bonne santé et aussi comment tout cela variait en fonction des saisons, de la météo, etc.
Je dois dire que je suis restée scotchée par sa capacité d’adaptation. Cet homme s’est transformé en McGyver en l’espace de quelques mois. Il a réussi au fil des années à se créer une routine aux petits oignons et à subvenir à ses besoins en utilisant tout ce qu’il pouvait trouver dans son environnement proche ou en chapardant dans les villages voisins. Il a été d’une grande créativité et d’une grande prudence pour vivre toutes ses années dans la jungle sans se faire attraper une seule fois, et pourtant les aléas ont été nombreux.

Bref, « Au nom du Japon » est une histoire fascinante d’autant plus qu’elle n’est pas fictive. J’ai été impressionnée par le dévouement dont fait preuve Hirô Onoda envers son pays tout au long du livre mais aussi sa capacité à survivre, à s’adapter et maîtriser son nouvel environnement. Le sacrifice qu’il fait de sa personne peut paraître risible à premier vue (comment peut-il penser que la guerre est toujours d’actualité avec toutes les preuves du contraire qu’on lui envoie), mais quand on resitue l’époque et les circonstances, on finit par accepter cette possibilité, même si on ne la comprend pas forcément. Tout ce chemin parcouru rend la fin particulièrement touchante. Les dernières phrases du livre m’ont beaucoup marqué.

2 réflexions sur “Au nom du Japon – Hirô Onoda

  1. J’avais également découvert cette histoire extraordinaire sur Youtube et si je n’ai pas lu ce livre, il est dans ma wish list… Le livre a l’air fascinant que ce soit d’un point de vue culturel ou humain !

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    • Oui, il est très instructif. On découvre une autre façon de réfléchir et un autre point de vue sur la guerre. Je crois que c’est le premier livre autobiographique que je lis qui ne parle pas des victimes de la guerre mais d’un soldat 🤔

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