Ils étaient vingt et cent… – Stanislas Petrosky

Note : ★★★★★ (5/5)
Extrait : « D’ailleurs vous qui me lisez, qu’auriez-vous fait à ma place ? Nous jugeons l’histoire en n’ayant que le privilège d’être né plus tard. »

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Titre : Ils étaient vingt et cent…
Auteur : Stanislas Petrosky
Genre : Historique, Drame
Langue : Français
Pages : 220
Note : 5/5

En bref : J’ai été émue par Gunter toujours poussé au-delà de ses limites physiques et psychologiques et j’ai été choquée par les récits qu’il nous fait. C’est un livre sombre et difficile à digérer mais il est vital de se souvenir de ce qui a été fait afin que ça ne se reproduise plus jamais. C’est un livre qui me marquera par sa dureté et dont j’ai apprécié la fin.

Résumé :

Gunther, jeune allemand opposé au régime nazi, excelle dans l’art du dessin. Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son œil d’artiste interprète la vie et surtout la mort.

L’histoire d’un homme qui a vu la construction et la libération du plus grand camp d’extermination de femmes du IIIème Reich, un homme qui a vécu des deux côtés des barbelés.

Avis :

Nous sommes au début de la Seconde Guerre Mondiale, Gunter vient d’une famille d’agriculteurs mais son père ne le trouve pas suffisamment impliqué dans l’entreprise, et de toute façon, Gunter veut être artiste et non paysan. Lorsque l’Allemagne se met à recruter des hommes pour participer à l’effort de guerre, le père de Gunter l’envoie sans hésiter. Le jeune homme quitte le foyer et aide à construire l’un des futurs camps de concentration pour femmes, celui de Ravensbrück.

Que dire sur ce livre… Tout d’abord, comme mentionné dans les premières pages, ce n’est pas un ouvrage à mettre entre toutes les mains. Les mots sont crus, les descriptions détaillées et même si je me passionne pour cette période historique, que j’ai lu pas mal de livres sur le sujet et que j’ai conscience des horreurs qui s’y sont déroulées, j’ai eu le cœur retourné plusieurs fois face à certaines scènes décrites. Amis lecteurs, soyez prévenus et abstenez-vous si vous ne le sentez pas.

Comme je l’ai dit, j’aime beaucoup cette période historique parce qu’on y voit le pire et le meilleur de l’Homme et la psychologie humaine est un domaine qui m’a toujours fasciné. Dans ce livre, nous voyons quelques actes de solidarité entre les prisonnières qui essayent de survivre mais c’est surtout des sévices de toutes sortes dont nous serons témoins. En effet, grâce à ses talents artistiques, Gunter échappe aux travaux forcés et a pour mission de retranscrire sur papier la vie du camp. Il va commencer par les prisonnières et les punitions qu’elles subissent. Cependant, petit à petit, son talent se fait connaître et les hauts dignitaires du camp vont le réquisitionner pour certaines tâches particulières. Cela va commencer par des portraits de SS, des représentations de bâtiments, des scènes de tortures, de corrections,… jusqu’à ce qu’il soit appelé au Revier, l’infirmerie du camp.

Ce lieu n’a d’infirmerie que le nom. On y effectue en réalité des recherches médicales avec les prisonnières du camp comme cobayes. Je ne pense pas avoir besoin de vous expliquer davantage ce qu’ils ont fait dans ce bâtiment. Pensez à ce qui peut arriver de plus horrible et sachez juste qu’ils ont faire pire. C’est lorsque Gunter est dans cette salle et qu’il décrit ce qu’il voit, ce qu’il dessine que j’ai eu le plus de haut-le-cœur je pense. J’ai beau avoir lu des tonnes de livres sur le sujet, les témoignages ne finissent pas de me surprendre.

Bon, Gunter nous décrit moultes scènes d’horreur au fil des pages mais quand est-il du personnage en lui-même ? Je l’ai beaucoup aimé. Nous n’avons pas en face de nous un héro, ni un lâche même s’il se nomme souvent ainsi. Nous avons affaire à un homme dépassé par les événements, qui voit des atrocités et qui voudrait aider mais qui est terrorisé par la perspective de se retrouver loger à la même enseigne que ces femmes qu’on fait cravacher jusqu’à la mort. Il se trouve néanmoins un objectif, dessiner un maximum de choses pour pouvoir les montrer au monde lorsque toute cette guerre sera terminée.
Gunter m’a paru très touchant et courageux, quoiqu’il en dise. Je trouve qu’à travers cet ouvrage, nous comprenons mieux pourquoi les allemands n’étaient pas tous au courant pour les camps de concentration, pourquoi certains ne faisaient rien malgré leurs réticences, etc. L’embrigadement et les sanctions en cas d’écart sont tels qu’il faut énormément de bravoure pour passer outre. Et c’est probablement parce que Gunter nous est présenté comme un homme simple que ce qu’il nous montre nous choque autant.

L’histoire, quant à elle, est dur mais dynamique. J’ai apprécié que l’auteur ne s’étale pas. Deux cent et quelques pages sont largement suffisantes. S’il en avait fait plus, il aurait pu tomber dans le morbide et me couper tout intérêt. Là, nous avons un récit bien dosé avec même une petite touche de romance pour se « reposer » un peu entre deux infamies.

Bref, « Ils étaient vingt et cent… » nous raconte la vie dans le camp de concentration de Ravensbrück, de sa construction à sa libération, à travers les yeux de Gunter, un allemand réquisitionné pour illustrer le quotidien du camp. J’ai été émue par ce personnage toujours poussé au-delà de ses limites physiques et psychologiques. J’ai été choquée par les récits qu’il nous fait de son travail. C’est un livre sombre et difficile à digérer mélangeant fiction et réalité (certains personnages ont réellement existé et d’autres sont le fruit de plusieurs vies réunies en une) mais je pense qu’il est vital de prendre conscience et de se souvenir de ce qui a été fait à cette époque afin que ça ne se reproduise plus jamais. C’est un livre qui me marquera par sa dureté et dont j’ai apprécié le dénouement qui pour une fois, nous montre l’après-guerre.

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