Ce qu’il reste de nous – Erika Boyer

Note : ★★★★☆ (4/5)
Extrait : « Je donnerais n’importe quoi […] pour revenir à ce moment où j’ignorais que j’étais pleinement heureux pour la première fois. Mais cela n’arrivera pas. Je suis seul. De nous, il ne reste que des souvenirs. De moi, il ne reste plus rien. »

Ce-qu-il-reste-de-nous

Titre : Ce qu’il reste de nous
Auteur : Erika Boyer
Genre : Romance contemporaine
Langue : Française
Pages : 555
Note : 4/5

En bref : Un roman qui casse les préjugés et parle d’un sujet peu traité : le polyamour. J’étais sceptique et le début du roman m’a peu aidé à changer d’avis sur le sujet mais voir nos héros, tous les trois satisfaits de leurs décisions et ne voir personne lésée par la situation m’a permis de l’accepter pleinement et de les soutenir pour la suite de leurs aventures !

Résumé :

En couple depuis leur adolescence, Jules et Nicky sont aussi amoureux qu’au premier jour et ils ne s’imaginent pas l’un sans l’autre. Pourtant, une pièce du puzzle manque et son absence est de plus en plus dure à supporter. Jules ne veut plus rien avoir à faire avec les siens ; ses origines gitanes, il les a effacées. Nicky a gommé l’idée de trouver un jour son autre moitié ; la femme qui manque à sa vie ne restera qu’un rêve. Pour le bien de leur couple, pour le bonheur de l’autre, ils ont tiré un trait sur un morceau de ce qu’ils sont, quitte à ne plus savoir ce qu’il reste d’eux. Jusqu’à Santana. Un jour, cette femme débarque, appareil photo à la main, anecdotes artistiques au bord des lèvres, de l’amour à revendre, une histoire à partager, et en elle l’envie que Jules et Nicky réalisent tous leurs rêves et soient enfin pleinement heureux. Mais tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle offre pourrait tout aussi bien devenir un cauchemar pour ces trois êtres…

Avis :

Jules et Nicky habitent au camping de Lège tout au long de l’année. Leur vie est rythmée par les boulots saisonniers, par l’arrivée et le départ des touristes et les rencontres que cela amènent. Ils sont connus pour être un couple libertin mais en réalité seul Jules l’est. Nicky, elle, est polyamoureuse. Jules est l’homme de sa vie et il y a quelques années, elle pensait que Danny serait la femme de sa vie mais cette dernière souhaitait une relation exclusive. Cette rencontre a failli briser leur couple, qui s’est cependant relevé de justesse. Depuis, Nicky craint plus que tout que la situation se répète pour le pire cette fois-ci. Elle préfère donc vivre avec ce vide dans son cœur plutôt de perdre Jules. De son côté, le jeune homme voit bien que Nicky n’est pas pleinement satisfaite de sa vie et cela le peine. Est-ce que la rencontre avec Santana, une jolie blonde, arrivera à combler aussi bien les envies de Nicky que celles de Jules ou cela ne fera t-il que remonter un passé non désiré ?

Après avoir voyagé en France dans les trois premiers tomes, Erika Boyer nous renvoie là où tout a commencé, soit au camping de Lège. Ce retour aux sources m’a donné une sensation de fin, comme si la boucle était bouclée et j’ai trouvé ça plutôt cool de retrouver Jules et Nicky. Ils sont pour moi comme un point de ralliement pour les Lost Souls et même si je ne savais pas trop à quoi m’attendre en ce qui concerne leur histoire, j’étais curieuse de la découvrir.

Le récit peut se diviser en plusieurs parties. La première va planter le décor et nous permettre de faire la connaissance de notre duo grâce à des brides de leur passé, leurs inquiétudes, leurs aspirations, etc. Ainsi, nous découvrons que Jules a des origines gitanes qu’il renie, que Nicky est marquée par l’échec de sa relation avec Danny et qu’ensemble ils préfèrent se faire passer pour un couple libertin que polyamoureux. La seconde partie voit arriver Santana. Elle va bousculer le quotidien de nos héros. Nicky va y voir sa dernière chance de créer un trouple avec Jules et elle. Quant au jeune homme, c’est surtout les origines gitanes de Santana, qu’elle assume totalement, qui va le charmer malgré lui.
Enfin dans une dernière partie, nous apprendrons pourquoi Jules apprécie si peu sa communauté et nous verrons si Nicky, Santana et lui arriverons ou non à former la relation dont ils rêvent tant.

Parmi les thèmes explorés par l’auteur, nous avons cette fois-ci, le polyamour bien entendu mais aussi la communauté gitane, leur vie, leurs coutumes et les préjugés qu’on peut avoir à leur encontre. J’ai apprécié la façon dont l’auteur a traité le sujet des gitans. Elle montre bien que « nous » sommes fautifs de part les préjugés que nous pouvons avoir envers cette communauté du voyage, notamment le fait qu’ils soient pris pour des voleurs et fauteurs de trouble. Elle les défend et nous fait prendre conscience qu’ils sont bien plus que ce à quoi on les réduit. Mais, elle ne se contente pas juste de ça pour autant, elle critique aussi les gitans (pas tous bien sûr) qui abandonnent et qui partent du principe que personne ne changera jamais d’avis sur eux, alors autant agir comme nous pensons qu’ils le feront. J’ai aimé qu’elle nous montre que tout n’est pas blanc et noir et qu’il y a aussi bien des gens bons que des gens mauvais au sein, et en dehors, de cette communauté. A travers Santana et Jules, j’ai découvert une population chaleureuse, pleine de vie et avec un esprit de famille plus solide que n’importe où ailleurs.

Pour ce qui est du polyamour, j’étais un peu plus sceptique. C’est un concept auquel j’ai du mal adhérer. Pas que je sois contre mais j’ai du mal à concevoir qu’on puisse aimer aussi intensément et intimement deux personnes en même temps et que chacun accepte qu’il y ait une personne en plus dans sa vie. Du coup j’ai senti un certain inconfort pendant la première moitié du livre et j’ai trouvé que l’auteur essayait trop de justifier les actes de ces personnages, ce qui ne m’a pas aidé à accepter la situation. En effet, les personnages discutent beaucoup du polyamour et du fait qu’un homme et une femme ne t’apportent pas la même chose et que c’est pour cela que tu as besoin des deux. En plus, de n’être pas forcément d’accord avec les dires des personnages, j’ai eu l’impression qu’on me forçait un peu la main pour que j’accepte leur relation…

Heureusement, la seconde moitié est beaucoup mieux passée. En vrai, dès qu’on oublie la théorie et les explications sur le sujet et que l’auteur se contente simplement de faire vivre ses héros, j’ai bien plus apprécié ma lecture. J’ai aimé voir Jules et Nicky tomber petit à petit amoureux de Santana et inversement. Je ne sais pas si ça se passe toujours ainsi mais j’ai trouvé l’équilibre entre les trois personnages bon et sain. Aucun n’est lésé par la présence d’un autre et chacun apporte quelque chose au trio. Qu’importe notre avis sur le sujet du polyamour, je pense que lorsqu’on côtoie Jules, Nicky et Santana, on ne peut que consentir à leur relation et comprendre que, tout comme certaines personnes n’ont besoin que d’une seule autre pour être pleinement heureuse, d’autres vivent dans la plénitude que lorsqu’ils peuvent partager leur amour avec plusieurs individus.

Bref, « Ce qu’il reste de nous » est un roman qui nous fait réfléchir. En plus d’abattre quelques préjugés sur la communauté gitane, Erika Boyer parle d’un sujet peu connu et compris : le polyamour. J’étais plutôt sceptique et le début du roman ne m’a pas beaucoup aidé à changer d’avis sur la question mais petit à petit, à force de côtoyer Jules, Nicky et Santana, j’ai compris que leurs besoins n’étaient pas forcément les mêmes que les miens mais que c’était ce qu’il leur était nécessaire pour vivre heureux. Les voir, tous les trois satisfaits de leurs décisions et ne voir personne lésée par la situation m’a permis de l’accepter pleinement et de les soutenir pour la suite de leurs aventures !

Mes chroniques de l’univers complet : Promesse Tenue / L’encre du passé / Pile ou Face

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