Le dernier festin des vaincus – Estelle Tharreau

Note : ★★★★☆ (3.75/5)
Extrait : « Mais ce ne sera jamais fini. – Les histoires entre les Blancs et les autochtones, peut-être pas, mais nos petites vies ne sont pas condamnées à être malheureuses. Ca dépend de ce qu’on en fera. »

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Titre : Le dernier festin des vaincus
Auteur : Estelle Tharreau
Genre : Thriller
Langue : Française
Pages : 256 pages
Note : 3.75/5

En bref : Ce livre nous raconte la crise sociale et humanitaire dont sont sujets les autochtones. L’enquête n’est qu’un fil conducteur qui va nous permette de réunir différents points de vue sur la situation. En ce faisant, l’auteur met en lumière des problématiques passé et présent. Cela donne une lecture instructive et passionnante bien qu’un peu mou par moment.

Résumé :

Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.

« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »

Avis :

Ce livre est un SP proposé par les Editions Taurnada et je remercie Joël pour sa confiance. C’est toujours un plaisir de découvrir les romans de cette maison d’édition.

Près de la réserve indienne de Meskanau, un projet de scierie relié à une autoroute est en phase d’être approuvée. Mais cela n’est pas au goût de tout le monde. Les autochtones veulent conserver la nature qui les entoure et les traditions qui y sont liées tandis que les citadins ne veulent pas perdre les cabanes de chasse qui se situent dans la zone concernée. Les tensions s’accentuent entre les différents partis lorsqu’une jeune indienne, Naomi Sheehan, disparaît le soir du Nouvel An.

Nouveau roman d’Estelle Tharreau. Cet auteur a toujours tendance à raconter un fait social ou historique à travers ces écrits. Nous nous cultivons donc en même temps que nous essayons de résoudre une enquête. Ici, elle nous parle des pensionnats dans lesquels les indiens et les indiennes ont été placés au siècle dernier. Ces écoles religieuses avaient pour but d’éduquer voire même de convertir les autochtones à la culture et la religion euro-canadienne. Comme souvent quand on force une communauté à aller à l’encontre de ses croyances, les choses se sont mal passées et les traumatismes ont été nombreux pour cette population. Estelle Tharreau nous donne une vision de ces conséquences sur les générations qui ont suivies et sur le désœuvrement d’un peuple à qui on retire son identité.

Je ne sais pas grand-chose sur la culture amérindienne, je ne connaissais donc pas le système des pensionnats et je n’avais qu’une idée générale des tensions qu’ils pouvaient avoir entre les autochtones et leurs voisins canadiens. Sur ce point, j’ai aimé en apprendre davantage. Entre les discriminations, les violences, les addictions, l’accès aux soins ou à un bon travail, etc. L’auteur nous dépeint une véritable crise sociale dont le gouvernement ne semble pas pressé de remédier. C’était révoltant de constater une aussi grande différence de traitement entre les Blancs et les Autochtones et ce, quelque soit le sujet. Il faut dire que nous retrouvons ces mêmes problématiques avec toutes les minorités… mais cela n’en reste pas moins choquants et inhumains.

En ce qui concerne le meurtre de Naomie en lui-même, j’ai trouvé le déroulement de l’enquête trop haché et éparpillé à mon goût. J’ai probablement eu cette impression parce que Naomie est plus un prétexte à parler de ce que subissent les amérindiens qu’autre chose. En effet, elle passe rapidement au second plan et nous suivrons d’autres acteurs comme Nathan, Alice et Logan. Grâce à ce trio, nous avons un bon aperçu de la situation, que ce soit du côté des autochtones vivants dans la réserve, ceux vivants en ville et les Blancs qui habitent non loin de la réserve (alliés ou non à la cause défendue par les indiens).
J’ai apprécié avoir ce panel à mes côtés pour saisir l’entièreté des enjeux mais je regrette quand même un peu que l’histoire s’étale sur autant de temps. Cela donne un côté plus réaliste certes, mais ça casse le rythme.

Bref, « Un dernier festin pour les vaincus » nous raconte la crise sociale et humanitaire dont sont sujets les autochtones au Canada depuis de nombreuses années. L’enquête policière n’est qu’un fil conducteur qui va nous permette de réunir, sous un même dessein, différents points de vue sur la situation. En ce faisant, l’auteur met en lumière de nombreuses problématiques aussi bien passé (avec les pensionnats), que présent. Cela donne une lecture instructive et passionnante bien que j’ai ressenti quelques coups de mou par moment.

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