Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre – Ruta Sepetys

Note : ★★★★★ (5/5) Coup de cœur
Extrait : « Vous êtes-vous jamais demandé ce que vaut une vie humaine ? Ce matin-là, mon petit frère ne valait pas plus qu’une montre à gousset. »
« Ils ont préféré l’espoir à la haine et ont montré au monde qu’une lumière veille toujours au fond de la nuit la plus noire. »

Between-Shades-of-Gray-by-Ruta-Sepetys
Titre :
 Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre
Auteur : Ruta Sepetys
Genre : Historique, Jeunesse
Langue : Anglaise
Pages : 344
Note : 5/5 Coup de cœur

En bref : Un pan de l’histoire de la Second Guerre Mondiale raconté à travers les yeux d’une jeune fille d’une quinzaine d’années. C’est poignant et encore plus bouleversant quand on apprend que l’histoire est tirée de témoignages de familles déportées. A lire absolument !

Résumé :

Une nuit de juin 1941, Lina, quinze ans, sa mère, Elena et son petit frère, Jonas, dix ans sont brutalement arrêtés par la police secrète soviétique.
Au bout d’un voyage épouvantable de six semaines, presque sans eau et sans nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux, ils débarquent au fin fond de la Sibérie, dans un camp de travail soviétique. Logés dans des huttes, sous alimentés, brutalisés, les déportés tentent de survivre et de garder espoir. Dans le kolkhoze, le travail de la terre est éreintant. Mais malgré la mort, la maladie, le froid, la faim et la terreur, Lina tient bon, soutenue par une mère exemplaire, son amour pour un jeune déporté de dix-sept ans, Andrius, et portée par sa volonté de témoigner au nom de tous et de transmettre un signe de vie à son père (condamné à mort dans un autre camp) grâce à son art du dessin et à l’écriture.

Avis :

L’histoire commence brusquement avec l’arrestation en plein milieu de la nuit de la famille Vilkas qui comprend Elena, la mère, et ses deux enfants, Lina et Jonas. Ils ont à peine une dizaine de minutes pour se préparer et quitter les lieux. Embarqués avec des dizaines d’autres personnes dans des camions, ils sont emmenés jusqu’à une station de train. De là commence leur terrible voyage. De la Lituanie, leur pays natal jusqu’en Sibérie, nous suivons les traces de cette famille et de son entourage à travers les yeux de Lina, une petite fille passionnée de dessins. Durant ce parcours, Lina s’évadera grâce à ses ccroquis et elle apprendra à connaître ses compagnons d’infortunes et à (sur)vivre avec eux. Elle fera notamment la connaissance de Andrius et sa mère, Janina et Mr Stalas mais aussi de ses bourreaux comme Komorov et Kretzsky.

Quand on me parle de la Seconde Guerre Mondiale, je pense tout d’abord aux Juifs et à ce que Hitler leur a fait subir mais Staline ne fût pas un dirigeant beaucoup plus sympathique et ce livre nous montre un aperçu de ce que les habitants des pays de l’Est ont endurés durant cette période. En s’aidant de témoignages recueillis dans les zones touchées et de documents officiels, Ruta Sepetys a réussi à nous raconter une histoire particulièrement bouleversante. Dès le début, on rentre dans le vif du sujet pour ne plus jamais en ressortir. Les horreurs, les situations précaires et les maltraitances s’enchaînent sans qu’on puisse faire quoique ce soit à part espérer qu’ils survivront et trouveront un échappatoire. Malgré le fait que la terreur règne au dessus de la tête de nos personnages, l’auteure n’est, à aucun moment, tombée dans le larmoyant ou l’exagération. Elle a trouvé un très bon équilibre entre l’espoir et le désespoir, la peur et le soulagement, la colère et la joie. Vu le sujet, ce n’est pas quelque chose de forcément évident.
De plus, le récit est agrémenté de flashbacks qui nous donnent des informations sur la vie de Lina et sa famille avant leur déportation. Ces renseignements nous expliquent les raisons de l’arrestation de la famille Vilkas mais nous laissent aussi imaginer la vie qu’elle aurait eu si les choses s’étaient passées différemment. Plus j’en apprenais sur Lina, plus j’étais écœurée de sa situation actuelle…

Les personnages quant à eux, sont très diversifiés et tous les types de personnes sont représentés : celui qui prend les décisions, celui qui râle tout le temps, celui qui s’inquiète au moindre coup de vent, le téméraire, le paresseux, bref, tous les ingrédients sont mis à disposition pour créer une mini-société. Et j’ai été charmée par cette communauté qui essaye à tout prix de rester souder et qui s’entraide même dans les pires moments. Je m’attendais à ce que certains déportés se tirent dans les pattes à la moindre occasion mais pas vraiment au final. La cohésion perdure et des liens se tissent entre les membres ce qui rendaient certains passages encore plus déchirants.

J’ai eu de la compassion pour Kretzsky qui fût un personnage intéressant du début à la fin mais j’ai surtout apprécié les personnages de Lina (et sa force de caractère) et sa mère, Elena. Elles sont traitées encore moins bien que du bétail, elles sont constamment humiliées mais elles arrivent malgré tout à trouver de la joie et du positif dans les petites choses que leur offre leur vie précaire. Le courage et la détermination mais aussi la perspicacité de Lina m’ont plus d’une fois étonnée. On lui dit à un moment : « Ne leur donne rien. Même pas ta peur. » et c’est exactement ce qu’elle fait durant tout le livre *chapeau*. En ce qui concerne Elena, c’est son altruisme et son intelligence qui m’ont le plus marquée. Je me suis demandée plusieurs fois au cours du livre, s’il existait encore des gens comme ça à notre époque… C’est une femme merveilleuse et une grande source d’inspiration.

« Ce n’est pas parce qu’on est victime d’une injustice qu’on doit être injuste. »
– Elena Vilkas

En bref, ce livre fût captivant du début à la fin, au point où j’ai raté mon arrêt de train à deux reprises et où j’ai atterri au terminus de ma ligne à chaque fois… La plume de Ruta Sepetys est fluide, dynamique et il est impossible de lâcher le livre une fois commencé. L’histoire racontée est dure et parfois difficile à digérer mais il regorge aussi de petits moments d’espoir et de joie. Lina est à la narration mais ce roman est loin d’être enfantin pour autant. C’est un livre bien dosé sur un sujet qu’il ne faut oublier sous aucun prétexte. A lire absolument !

« J’espère de tout mon cœur que les pages ici cachées feront jaillir de votre âme la source de compassion la plus profonde. J’espère aussi qu’elles vous inciteront à faire quelque chose, à en parler à quelqu’un. C’est le seul moyen de nous assurer que les hommes ne permettront pas au mal de se reproduire sous cette forme. » – Lina Vildas

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