L’éveil – Iléana Métivier

Note : ★★★★★ (4.5/5)
Extrait : « Elle accepte que tout ne soit pas noir ou blanc. Cette capacité me laisse pantois. Je prends conscience de ma propre nature qui range tout dans deux boites distinctes : bien ou mal. Blanc ou noir. Mais lorsque je l’écoute parler, je me rends compte que pour elle, tout n’est que gris, tout n’est qu’incertitude. Elle n’a pas besoin de certitudes pour être sûre d’elle »

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Titre : L’éveil
Auteur : Iléana Métivier
Genre : Romance contemporaine
Langue : Française
Pages : 550
Note : 4.5/5

En bref : Les joutes verbales entre Aëlle et Sloann étaient très enrichissantes. Même si j’ai trouvé certains passages trop politisés et d’autres un peu trop spirituels, je n’ai pas vu les pages défilées. C’est une lecture à la fois pédagogique et divertissante que je vous recommande.

Résumé :

Aëlle, issue du milieu altermondialiste, se bat pour sauver l’Éducation Nationale, menacée de privatisation par l’État. Blessée lors d’une manifestation, elle va malgré tout travailler à la villa des Riveria, où elle rencontre Sloann, ce riche héritier. Ils se disputent aussitôt : vu son discours antigouvernemental, la jeune fille n’a-t-elle pas provoqué les Policiers ? Ils n’ont rien en commun, excepté leur curiosité et leur ouverture d’esprit les poussant aux échanges vifs et argumentés. Mode de vie, carcans sociétaux, écologie et blessures transmises par l’éducation… De discussions engagées en confidences, de querelles en réconciliations, les deux jeunes adultes apprennent à se connaitre. Au-delà de leur attirance mutuelle, leur monde intérieur vacille.

Avis :

Iléana Métivier m’a proposé son roman « L’éveil » gratuitement en échange d’une chronique. Je la remercie pour sa confiance et pour l’intérêt qu’elle a porté à mon blog. Elle a aussi accepté de répondre à une petite interview que vous pouvez retrouver ici !

Ce roman raconte l’histoire de Aëlle, lycéenne engagée qui se retrouve à manifester avec son meilleur ami Nèdji pour protester contre une loi sur l’Education Nationale. A l’issu de cette marche où les altercations entre manifestants et policiers se sont multipliées au fil des heures, Aëlle reçoit une blessure à la jambe à cause d’une bombe lacrymogène. Malgré sa difficulté à marcher, elle rejoint la maison luxurieuse des Riveria où elle remplace sa mère en tant que blanchisseuse. Sur place, elle fera la connaissance du fils des Riveria, Sloann. De cette rencontre va naître de nombreuses joutes verbales où nos deux protagonistes vont confronter leurs idées, leur éducation et leurs valeurs.

En acceptant de lire ce livre, de 550 pages environ, sur un sujet qui sort totalement de ma zone de confort, je ne pensais pas passer un aussi bon moment. L’auteure m’avait convaincue de le lire mais je l’avais prévenu à l’avance qu’au vu du thème abordé, il était possible que je n’aille pas au bout, surtout vu le pavé. Finalement, ce roman s’est révélé très satisfaisant, je me suis même surprise à vouloir connaître la suite alors que l’heure n’était pas à la lecture.
Je ne suis pas du genre à faire de la politique donc je ne m’exprimerai pas sur les idées évoquées mais plutôt sur la façon dont elles ont été amenées. La première partie du livre est surtout centrée sur la loi contre la privatisation, Aëlle est contre, Sloann est pour. On observe donc ces deux jeunes débattre. Ce que j’ai apprécié dans cette moitié, c’est la qualité des échanges. Les personnages s’écoutent, se parlent sans crier et argumentent leurs propos de sources officielles (médias, documentaires, livres, etc.), c’est vraiment agréable ! De plus, toutes les sources citées existent bel et bien et il ne tient qu’à nous de faire comme Sloann et d’aller les consulter pour élargir nos connaissances.
Ce qui m’a un peu dérangé par contre, c’est que le débat était beaucoup trop à sens unique à mon goût. Je m’attendais à ce que chacun des protagonistes détiennent une part de vérité et qu’ils s’enrichissent un peu plus grâce à l’autre mais en réalité nous avons Aëlle qui prêche la « bonne parole » et Sloann le « formaté » qui ouvre les yeux sur ce qui l’entoure au fur et à mesure du récit. J’avais l’impression d’avoir sous les yeux, une professeure et son élève plutôt que deux lycéens.
Ce déséquilibre m’a fait aimer Sloann plus que Aëlle car on le voit évoluer et se remettre constamment en question à cause de ce qu’il apprend. Il a une grande ouverture d’esprit et n’hésite pas à aller s’informer correctement avant d’accepter ou de réfuter une idée. C’est un trait de caractère que j’apprécie. Aëlle, quant à elle, se remet aussi en question mais sans que personne vienne souligner son comportement. La plupart du temps, elle remarque son erreur et la corrige d’elle même. C’est une attitude tout à fait louable mais je dois avouer que, dans un roman, c’est un peu frustrant ! Elle m’est apparue un peu trop parfaite à mes yeux voire même hautaine par moment lorsqu’elle s’adressait à Sloann.

La deuxième partie du livre se consacre plus à l’écologie et au bien être personnel. Ces discussions m’ont davantage plu, surtout celles sur les blessures et l’introspection. Cela m’a rappelé mes cours de philosophie en première sur Freud, avec le ça, le moi et le surmoi. L’auteure évoque plusieurs concepts sur la façon dont nous pouvons gérer nos émotions, casser les codes qu’on nous insuffle depuis notre plus tendre enfance ou encore faire taire la petite voix qui est en nous afin de profiter de l’instant présent. Qu’on croit ou non à ce genre de choses, il est difficile de ne pas avoir envie d’essayer tant les méthodes proposées par Iléana Métivier sont bien expliquées et convaincantes.
Dans cette partie, malgré le rapprochement entre Aëlle et Sloann, le déséquilibre décrit plus tôt fût toujours présent, à la différence que cette fois-ci, je n’avais pas l’impression d’avoir une professeure et un élève en face de moi mais plutôt une mère et son fils. C’est au final ce qui m’a le plus gêné dans cette histoire. Au lieu que ce soit perpétuellement Aëlle qui apprenne des choses à Sloann ou le corrige, j’aurais aimé que ce soit lui qui prenne le dessus de temps en temps et devienne « le professeur ».

Bref, « L’éveil » est un roman mélangeant habilement politique, écologie, philosophie et bien être, le tout sur fond d’une romance fort sympathique. Iléana Métivier nous sensibilise sur des sujets d’actualité (les médias, l’économie, la consommation, la planète, etc.) et même si j’ai trouvé certains passages un poil trop politisés et d’autres un peu trop spirituels, je n’ai pas vu les pages défilées. C’est une lecture à la fois divertissante et pédagogique que je vous recommande fortement.

 

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