Terre Noyée, tome 3 : Les Rosaliens – Iléana Métivier

Note : ★★★★☆ (3.75/5)
Extrait : « J’avais fait ce qui me semblait juste. […] A cet instant, enfin, je me tenais exactement où je devais être. »

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Titre : Terre noyée, tome 3 : Les Rosaliens
Auteur : Iléana Métivier
Genre : Science-Fiction, Fantastique
Langue : Française
Pages : 312
Note : 3.75/5

En bref : La plume est toujours au top mais je n’ai pas retrouvé, dans ce dernier volet, la richesse et la complexité de l’univers qui m’avait tant plu dans les précédents. Beaucoup de choses sont abordées mais peu sont réellement développées. De plus, la fin est expéditive et les personnages changent bien trop vite de comportement.

Résumé :

Jamais ils n’auraient pensé ce sauvetage possible, et pourtant… Capitalia et Zéa sont loin derrière eux. Pleine de promesses, une nouvelle culture s’ouvre à Annaëlle, Adrian, Mattew et Max. Mais ils s’interrogent : les Rosaliens sont-ils réellement bienveillants ? Pourquoi prendre autant de risques pour la vie de quatre dissidents ? En dépit de leurs doutes, leur priorité reste inchangée : détrôner l’Élite.

Avis :

Annaëlle a quitté Capitalia en hélicoptère pour rejoindre le Mont Rose et ses habitants mais cela ne s’est pas fait sans perte. Zéa, Iris et Manu n’ont pas pu être du voyage… capturés ou tués, nul n’est certain de leur sort. Malheureusement le moment d’aller les récupérer n’est pas encore venu. Annaëlle, Adrian, Max et Mattew vont d’abord devoir panser leurs plaies et trouver une stratégie s’ils veulent espérer délivrer Capitalia de l’Elite. Est-ce que les Rosaliens leur prêteront main forte ou seront-ils une nouvelle entrave à leurs objectifs ?

Je suis globalement moins satisfaite de ce troisième tome que des deux premiers. Il est toujours difficile de clôturer une trilogie quand on a une histoire aussi riche et beaucoup d’alternatives envisageables. Ici, je n’ai pas trouvé l’intrigue très bien abouti. Je m’explique.
Annaëlle et ses amis vont arriver sur le Mont Rose, soigner leurs blessures, découvrir la nouvelle île, sa politique, etc. puis parler avec les autorités locales pour réfléchir à un plan pour retourner sur Capitalia. Tout d’abord, j’aurais aimé en apprendre davantage sur les Rosaliens et leur mode de vie. On passe tellement de temps à Capitalia, à décortiquer le système que j’ai été déçue que cela ne soit pas fait pour le Mont Rose. Surtout que nous avons affaire à un système un poil utopiste et en expliquer toutes les ficelles m’auraient permis d’y croire plus et de l’ancrer dans la réalité.

Au lieu de cela, l’auteur passe une bonne partie du livre sur les états d’âmes de nos héros, choses très importantes, je le conçois. Ils ont vécu des traumatismes et il faut du temps pour les digérer mais au vue de tout ce qu’il y avait encore à aborder, les pages manquaient cruellement. Cela se ressent encore plus dans la suite où pas mal de choses m’ont fait tiqué comme la facilité qu’ont les Veilleurs sur Capitalia de discuter via la radio, l’absence totale de contre-attaque de l’Elite suite à la fuite de nos héros. Je veux bien qu’ils soient hautains et se sentent indestructibles mais, à leur place, j’aurais fait un gros ménage dans la population pour éliminer la mauvaise herbe après cet échec. Cependant, rien ne semble avoir été fait, ce qui laisse le champs libre pendant tout le livre aux Veilleurs, aux Rosaliens et à nos héros pour organiser calmement les représailles.

Tout cela nous entraîne vers un dénouement qui se joue sur un gros coup de bluff qui fonctionne je ne sais trop comment. Je ne m’attendais pas spécialement à une guerre ouverte, malgré tout, rien ne présageait ce qu’il s’est passé. Je n’ai tout simplement pas reconnu l’Elite, surtout Lisa Buffonam, John Colemian et Nathanaël Stark. Ce sont, pour moi, trois personnages hargneux, cruels, calculateurs, nés pour diriger, pour être au-dessus des autres et rien de moins. Je n’ai lu aucun passage suffisamment fort qui expliquerait leur perte de morale et d’aplomb. C’est pareille pour Colin, Juliette et Justine. Je n’ai pas compris comment, tout d’un coup, tous les loups se sont transformés en agneaux. De mon point de vue, rien ne justifiait un tel retournement de situation. De ce fait, j’ai trouvé que la fin manquait de cohérence et de crédibilité par rapport à ce que je connaissais des personnages et de la situation qui nous était présentée.

En ce qui concerne nos protagonistes, je ne les ai pas vraiment retrouvés dans ce tome non plus, enfin surtout Adrian et Annaëlle. Jusqu’à présent, je les adorais parce qu’ils communiquaient, s’écoutaient et avaient une relation saine et équilibrée. Dans ce tome, presque tout est parti en fumée. Outre le fait qu’Adrian fuit les problèmes au lieu de rechercher de la force dans son couple, il ne sait pas lire l’atmosphère et devient blessant. Lui qui était si attentif et aimant, il est devenu insensible à ce qui l’entoure. Et ce qui m’a dérangé, c’est qu’il a fallu attendre presque le milieu du livre et un chapitre du point de vue d’Adrian pour comprendre exactement son problème. Je ne me souviens plus si les points de vue changent dans les tomes précédents mais ça m’a fait bizarre d’avoir l’histoire narrée par Annaëlle puis, pour un seul chapitre, avoir le point de vue d’Adrian. J’aurais préféré que l’auteur trouve une autre alternative pour nous expliquer la raison des agissements du jeune homme, même si c’est plus ardu. La narration par Adrian revient à nouveau plus tard dans le récit mais pour le coup, ça m’a paru bien plus justifié qu’ici.

Quant à Annaëlle, c’est plutôt son comportement juste avant leur retour à Capitalia qui m’a dérangé. Je l’ai toujours vu comme quelqu’un de réfléchi, qui fait les choses sainement et dans l’ordre. On le voit d’ailleurs très bien avec tout ce qu’elle fait pour Zéa et le magnifique moment qu’elle lui dédie. Du coup, la voir bafouer tout ça m’a déçu. Je comprends pourquoi l’auteur a procédé de cette façon mais je suis convaincue qu’il y avait une autre manière de faire qui aurait permis de conserver ce côté-là de la jeune femme.

Enfin, beaucoup de sujets ont été abordés dans ce troisième tome mais peu ont eu le développement qu’ils méritaient. De plus, certaines choses sont posées là, sans préambule, et je me suis souvent demandée quel était l’intérêt. Je pense notamment au personnage de Filéen qu’on côtoie pendant tout le livre et à la toute fin, il y a une phrase qui nous dévoile qu’il est homosexuel. Il n’y a vraiment rien sur ce sujet pendant tout le bouquin et puis paf, c’est posé là et on se dit « Ok. ». Je n’aime pas trop avoir l’impression qu’un auteur met des sexualités à des personnages juste pour remplir des cases. C’est pourtant la sensation que ça m’a donné ici. J’aurais préféré qu’elle ajoute cet aspect aussi bien qu’elle a intégré le couple lesbien Lila et Camille…

Bref, la fin de « Terre Noyée » m’a quelque peu déçue. Les deux premiers tomes m’avaient plongé dans un monde SFF fascinant avec une histoire solide, riche et des personnages attachants et matures. Il y avait de belles valeurs éducatives, politiques et écologiques de développer ainsi que l’exploitation du contrôle des masses qui était bien faite. Malheureusement, je n’ai pas retrouvé grand-chose dans ce dernier volet. La plume est telle que les pages se sont enchaînées les unes après les autres mais le contenu n’était pas abouti, complexe. Beaucoup de choses sont abordées mais peu sont réellement développées. Il y a un mauvais équilibrage entre les différentes phases du livre, ce qui fait que tout s’enchaîne vite à la fin et on comprend moyennement comment les personnages peuvent changer aussi rapidement d’état d’esprit. Peut-être qu’en faire une quadrilogie aurait été plus judicieux afin de laisser au lecteur le temps d’apprivoiser le Mont Rose et ses habitants.

Découvrez mes chroniques de la saga complète : Tome 1 / Tome 2.

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