Nous, les Allemands – Alexander Starritt

Note : ★★★★☆ (3.5/5)
Extrait : « Quand j’essaie de décrire quel genre d’homme il était lorsque je l’ai connu, voilà ce qui me vient à l’esprit : un être austère dans ses habitudes tant physiques que mentales ; peu porté à s’accorder quoi que ce soit ; et néanmoins empressé à accorder aux autres presque tout ce qui, pensait-il, leur ferait plaisir. »

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Titre : Nous, les Allemands
Auteur : Alexander Starritt
Genre : Historique, Contemporain
Langue : Française
Pages : 240 pages
Note : 3.5/5

En bref : Le récit de Meissner était touchant et instructif. J’ai aimé lire son point de vue sur l’époque, ce qu’il a ressenti et vécu. La peur, l’horreur, le découragement puis le retour à la vie civile et la honte. Bien que le contenu fût intéressant, je n’ai pas réussi à être aussi captivée que prévu. Je n’étais pas dans le mood et les parties de Callum n’étaient pas toujours pertinentes.

Résumé :

Longtemps, les questions posées par Callum à son grand-père allemand sur la guerre sont restées sans réponse. Et puis, un jour, Meissner s’est décidé à raconter.

Sa vie de soldat sur le front de l’Est, les débuts triomphants, l’esprit de corps, l’ivresse des batailles, et puis le froid, la faim, la misère. Et surtout l’année 1944 quand lui et ses camarades ont compris que la guerre était perdue ; que tout ce en quoi ils avaient cru, tout ce qui les faisait tenir, l’appartenance à une nation, l’espoir d’une guerre rapide, les rêves de retour, tout était en train de s’écrouler ; que dans la déroute, les hommes ne sont plus des hommes ; que le désespoir vous fait accomplir le pire et que rien, jamais, ne permettra d’expier la faute de tout un peuple.

Avis :

Callum est le petit-fils d’un soldat allemand. Il s’est toujours demandé comment son grand-père avait vécu la Seconde Guerre Mondiale. Est-ce qu’il y avait fait de mauvaises choses, quelles anecdotes il pouvait bien raconter à ce sujet. Malheureusement, dans ces moments-là, il s’est toujours retrouvé face à un mur. Néanmoins, Meissner sent la fin de sa vie arrivée et les questions de Callum continuent de lui trotter dans le tête alors, avant de ne plus être capable de raconter son parcours, Meissner écrit une longue lettre à son fils où il raconte sa campagne vers l’Est.

Quand il s’agit de la Seconde Guerre Mondiale, on tombe souvent sur des récits évoquant les Juifs et les camps de concentration. Quelque fois, comme avec les livres de Ruta Sepetys : Le sel de nos larmes et Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre, on va parler, respectivement, d’un naufrage maritime meurtrier ou des camps de travail en Sibérie. Dans tous les cas, c’est souvent le point de vue des victimes que l’on va retrouver. J’étais donc curieuse d’avoir la « version allemande ».

Ici, il n’est pas question de camps de concentration ou de génocide. Nous sommes fin 1944 et l’Allemagne est en très mauvaise posture. Elle a engagé de nombreuses troupes vers l’Est dans l’espoir d’atteindre la Russie mais l’hiver est rude et les soldats ne sont pas équipés pour combattre le froid. De plus, les russes sont bien plus tenaces que prévus. Les soldats allemands n’ont d’autres choix que de rebrousser chemin s’ils veulent survivre. Nous suivons Meissner, un de ses soldats et plusieurs de ses compagnons rencontrés sur le chemin du retour.
J’ai aimé avoir le point de vue d’un soldat allemand lambda. C’était intéressant d’avoir son ressenti et de se rendre compte que tous les allemands n’étaient pas des nazis avides d’exterminer toute une communauté. Certains étaient seulement des soldats engagés de force dans l’armée et qui, au fil des années, ne savaient même plus trop pourquoi et pour qui ils combattaient. Ce dont ils étaient sûrs cependant, c’est que s’ils allaient à l’encontre des ordres, ils étaient considérés comme des traitres et fusillés. Fiers de se battre pour leur pays, ils ont fini par avoir honte de ce qu’ils étaient.

Ce livre, bien que court, propose donc de bons sujets de réflexion sur l’appartenance à un groupe et ce qu’il peut en découler, sur la mémoire, l’héritage et les conséquences de la guerre aussi bien pour les victimes que pour les bourreaux (directs ou indirects de ses personnes ciblées). Comme le dit si bien Meissner dans ce roman, il n’a beau ne pas avoir servi dans les camps, ne jamais les avoir vu, quand il voit ce qu’il s’est passé, il ne peut s’empêcher de se sentir concerné, coupable et de se dire « Nous avons commis cela. ».

Hormis l’aspect psychologique que j’ai trouvé intéressant, j’ai bien aimé en apprendre un peu plus sur la débâcle allemande dans l’Est de l’Europe. A travers Meissner, on comprend un peu mieux comment les allemands ont perdu, ce que les soldats ont du faire pour rentrer chez eux et ce qu’ils ont vu et subi sur leur chemin. Bien que le livre soit une fiction, on pouvait aisément imaginer que les événements contés se soient réellement passés. Quand une armée est poussée au bout de ses retranchements, que la faim tiraillent les estomacs, que le moral est au plus bas, il n’y a pas une infinité de réactions possibles.

Malgré tout ce que je viens de dire et les bons points que j’ai cité, j’ai eu du mal à lire ses 230 pages. La lettre de Meissner était entre-coupée par des passages où Callum, son petit-fils, souligne un passage du courrier en donnant plus de précision sur ce qui est écrit ou alors en racontant sa version des faits. Je n’ai pas toujours trouvé ces interruptions pertinentes et ça me sortait de l’ambiance instaurée par le Grand-Père. Mais si je n’ai pas apprécié ce roman à sa juste valeur, je pense que c’est principalement dû au fait que je n’étais pas dans le mood pour lire ce genre de lecture. Parce qu’au final, j’ai trouvé le contenu instructif et quelque peu touchant. Cela n’a simplement pas suffi…

Bref, « Nous, les Allemands » est un roman historique qui prend la plupart des récits sur la Seconde Guerre Mondiale à revers, en contant le récit d’un soldat allemand repoussé par les russes et qui essaye tant bien que mal de rentrer chez lui. L’histoire de Meissner était touchante et instructive. J’ai aimé lire son point de vue sur la situation de l’époque, ce qu’il a ressenti et ce qu’il a vécu. La peur, l’horreur, le découragement puis le retour à la vie civile et la honte. Néanmoins, même si le contenu fût intéressant, je n’ai pas réussi à être aussi captivée que prévu, en grande partie parce que je n’étais pas dans le mood pour ce genre de lecture mais aussi parce que les parties où Callum parle ne m’ont pas toujours paru à propos.

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